On estime à quatre millions le nombre de personnes atteintes d'ostéoporose en France, cette maladie « silencieuse » qui se traduit par une fragilité osseuse. Pour une personne atteinte d'ostéoporose, une simple chute sur le trottoir depuis une position debout peut entraîner une fracture de fragilité qui peut bouleverser sa vie, comme par exemple une fracture de la colonne vertébrale ou de la hanche, associée à une invalidité de longue durée, à une perte d'autonomie et à une mortalité prématurée.
En réponse au fardeau croissant des fractures associées à l'ostéoporose, le groupe de travail du programme Capture the Fracture® de la Fondation Internationale de l’Ostéoporose (IOF) a élaboré un rapport « Solutions pour la prévention des fractures en France », en collaboration avec d'éminents experts nationaux. Le rapport fournit un aperçu du fardeau que représente l'ostéoporose en France et du contexte politique national en matière de soins de santé. Il présente également les principaux changements de politiques nécessaires pour faire face à la problématique des fractures de fragilité dans le pays.
En dépit du coût élevé qu’elles représentes, les fractures de fragilité restent peu traitées
On estime à 500 000 le nombre de fractures de fragilité survenant chaque année en France, soit l'équivalent d'une fracture par minute. Ces fractures représentent un fardeau immense pour les patients et leurs proches aidants et entraînent des dépenses considérables pour le système de santé. En 2019, les dépenses directes et celles liées à l'invalidité de longue durée ont été estimées à plus de 7 milliards d'euros par an. Une étude récente évaluant le montant total des dépenses liées à chaque fracture, y compris les dépenses liées au suivi post-fracture sur 18 mois, a révélé qu’une de la hanche, de la colonne vertébrale et du poignet coûte respectivement 23 926 €, 14 561 € et 6 905 €.
Le professeur Karine Briot, présidente du Groupe de recherche et d'information sur les ostéoporoses (GRIO) et professeur de rhumatologie à l'hôpital Cochin à Paris, a déclaré:
« Les fractures de fragilité font partie des cinq maladies chroniques les plus graves en France, dépassant même les cardiopathies pulmonaires et les accidents vasculaires cérébraux (AVC). Une première fracture est associée à un risque de ré-hospitalisation de 12,5 % dans l'année qui suit, et à une mortalité toutes causes confondues de 16,6 % pour une fracture de la hanche. Compte tenu du vieillissement de la population, le fardeau conséquent que représente les fractures va s'alourdir - dans les conditions actuelles, on estime que le nombre de fractures de fragilité augmentera de 26 % entre 2019 et 2034. Pour autant, nous estimons que plus de deux millions de femmes présentant un risque élevé de fracture ne sont pas traitées pour l'ostéoporose, et ce malgré la disponibilité de médicaments sûrs et efficaces permettant de réduire la perte osseuse et donc le risque de fracture. Cette situation est très préoccupante et inacceptable si l'on considère l'importante souffrance humaine causée par les fractures de fragilité ».
Les services de soins post-fractures aident à protéger les patients contre les fractures secondaires
Les fractures de fragilité doublent quasiment le risque de souffrir d'une nouvelle fracture, en particulier au cours des 24 premiers mois suivant la première fracture. Il est donc particulièrement préoccupant que l'ostéoporose ne soit pas toujours traitée chez les patients ayant souffert d’une première fracture. Actuellement, plus des trois quarts des femmes âgées de 50 ans et plus qui ont souffert d’une première fracture ne sont pas traitées à temps pour prévenir les fractures secondaires. L'une des principales raisons est l'absence de services de soins post-fracture généralisés, connus sous le nom de « services de liaison pour les fractures » (FLS).
Le professeur Bernard Cortet, co-auteur de l'étude et professeur à l'hôpital Roger Salengro du CHU de Lille, a ajouté : « La population française est mal desservie en matière de services de liaison pour les fractures. Actuellement, moins de 10 % des hôpitaux français disposent d'un tel service. Il s'agit là d'une occasion manquée de mettre fin au cycle de fractures que connaissent tant de patients. Une implémentation concrète des FLS en France permettrait d'améliorer considérablement la santé des patients et leurs résultats, tout en réduisant le nombre d'hospitalisations et en réalisant des économies."
Une base solide permettant le développement d’importantes recommandations
En France, il existe une solide base sur laquelle s'appuyer pour faire de la lutte contre les fractures de fragilité une priorité dans la gestion des soins de santé. Le programme « Ma Santé 2022 “ du système de santé définit une stratégie ambitieuse en matière de politique de lutte contre l'ostéoporose, et le « programme de maintien à domicile » encourage la rééducation postfracture. En outre, les principales organisations médicales dans le domaine de l'appareil musculosquelettique ont fait preuve d'une grande coopération et d'un engagement sans faille. Le déploiement des FLS ou d'autres parcours de soins équivalents en matière de prise en charge des patients ostéoporotiques, permettrait d'augmenter les taux de dépistage, de diagnostic et de traitement après une fracture, et constituerait donc une avancée considérable dans la lutte contre la crise des fractures de fragilité.
Le Dr Philippe Halbout, directeur général de l'IOF, a félicité les experts français qui ont collaboré avec le groupe de travail du programme Capture the Fracture® de l'IOF pour la préparation de ce rapport. Il a notamment souligné l'importance des recommandations émises : « L'IOF exhorte les décideurs politiques français à mettre en œuvre des solutions efficaces pour lutter contre la crise des fractures de fragilité. Les actions ciblées et concertées proposées dans ce nouveau rapport permettraient de réduire le nombre de fractures, d'améliorer les perspectives des patients, de réduire les coûts de santé et, surtout, d'améliorer la mobilité de la population âgée en France".
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À propos du rapport
Solutions pour la prévention des fractures en France est disponible en anglais et en français sur le site de Capture the Fracture®. Le rapport a été rédigé par des experts du groupe de travail du programme Capture the Fracture® de l'IOF en collaboration avec les experts français suivants : Prof. Thierry Thomas, Prof. Bernard Cortet, Prof. Karine Briot et Prof. Julien Paccou.
À propos de Capture the Fracture®
Capture the Fracture® (CTF) est une initiative multipartite, menée par la Fondation internationale de l'ostéoporose (IOF), visant à faciliter la mise en œuvre de programmes de coordination des soins post-fracture (PFC), tels que les services de liaison pour les fractures (FLS), visant à prévenir les fractures secondaires. L'initiative CTF, qui a célébré sa dixième année de service en 2022, vise à susciter des changements aux niveaux local et régional pour faire de la prévention des fractures secondaires une priorité. Elle établit des standards de meilleures pratiques au niveau mondial et offre une reconnaissance aux services de liaison pour les fractures (FLS) à travers son cadre de meilleures pratiques. Le programme CTF propose également des ressources et de la documentation essentielles pour établir le bien-fondé de la priorisation de la prévention des fractures secondaires et pour aider à la mise en œuvre et à l'amélioration de la qualité des services de liaison pour les fractures. Des programmes de mentorat qui soutiennent le développement des FLS au niveau local sont également proposés. Le réseau CTF compte actuellement plus de 990 FLS dans 58 pays à travers le monde. Les FLS sont invitées à demander une évaluation et une certification gratuites via le questionnaire en ligne sur le cadre des meilleures pratiques du site web CTF. https://www.capturethefracture.org #CaptureTheFracture
À propos de l'IOF
La Fondation Internationale de l'Ostéoporose (IOF) est la plus grande organisation non gouvernementale dédiée à la prévention, au diagnostic et au traitement de l'ostéoporose et des maladies musculosquelettiques associées. Les membres de l'IOF, qui comprennent des comités de chercheurs scientifiques ainsi que 335 organisations de patients, de médecins et de chercheurs, travaillent ensemble pour faire de la prévention des fractures et de la mobilité saine une priorité mondiale en matière de soins de santé. https://www.osteoporosis.foundation @iofbonehealth